Squeezie vient de répondre à la polémique autour de l'algorithme de Youtube :
Il explique que les pouces bleus ne comptent plus autant qu'avant dans les critères de Youtube pour mettre en avant une vidéo et beaucoup de youtubers cherchent à trouver de nouveaux moyens pour faire buzzer leurs vidéos.
Je suis d'accord avec ceux qui s'offusquent que Youtube choisisse pour eux les vidéos qui sont affichées dans leur fils d'abonnement (d'où la mise en place de QuozTube et HumourDuweb qui pallient à ces problèmes depuis longtemps).
J'imagine que la surprise doit être désagréable quand on a pris l'habitude d'avoir toujours reçu des informations complètes. On a en quelque sorte donné notre confiance à la source d'informations et on se rend compte du jour au lendemain que cette source devient partielle.
D'ailleurs depuis longtemps sur Facebook et Twitter, rappelons qu'ils choisissent pour nous ce qu'ils montrent dans le fil d'actualité (et dans les commentaires). J'ai l'impression que dans le cas des deux sites, l'objectif n'est plus d'être exhaustif (ça l'a été) mais de faire une pré-sélection sur des critères totalement opaques vendus comme de "l'algorithme pertinent", ce qui peut devenir dangeureux. En fait, le problème rencontré sur Youtube en évoque un plus profond.
On touche un point sensible qui est la neutralité de l'information. L'avenir est plutôt flippant pour ceux qui comptaient s'informer uniquement par le biais de ces canaux. Il me semble difficile dans ce contexte d'être sûr de recevoir toutes les informations auxquelles nous sommes censées pouvoir accéder. Comme l'expliquait très bien Sébastien Pissavy (Lightman, fondateur de JeuxVideo.com) sur la thématique de la presse vidéoludique, je pense aussi qu'il y a du potentiel pour les médias qui prennent le contre-pied de ce système et jouent la carte de la transparence et de la sincérité (dans ce domaine précis, c'est le lien entre certaines lignes éditoriales et les opérations promotionnelles qui peut sembler opaque).
Dans tous les cas, on est face à des plateformes qui "poussent" de l'information. Certes, pour certaines personnes, ça peut être intéressant d'avoir des systèmes d'informations qui "pré-mâchent" l'information, ça permet de la "consommer rapidement". Sauf que du jour au lendemain, l'algorithme (ou de manière plus large, la règle) est susceptible de changer... Et qu'il ne faut pas attendre de compte de la part de leurs auteurs.
Je trouve qu'il est important d'avoir toujours la possibilité d'analyser soit-même les informations qui arrivent. Cela demande peut-être plus de temps. Mais il est important de toujours conserver un accès à une information complète. On se laisse ainsi l'entière possibilité d'être parfois surpris en découvrant des choses que l'on n'aurait pas pu découvrir avec un système qui irait à l'essentiel (et encore une fois, tout dépend de la définition du système de ce qui est "essentiel")... En fait, il y a un soucis dans la souplesse du paramétrage (souvent inexistante).
C'est pourquoi je pense qu'il faut garder la possibilité de creuser l'information dans un milieu qui garderait son exhaustivité (et idéalement neutre, ou à défaut, en connaissant précisément "les motivations" des parties prenantes).
C'est dommage que les grands sites Internet prennent la tournure que l'on décrit. Ca va à l'encontre de la philosophie de l'Internet à ses débuts. L'exemple contraire est Wikipedia, qui prouve quotidiennement que l'information de qualité ne nécessite pas forcément de mettre en place un système lucratif. Mais ces entreprises ont certainement d'autres objectifs. Soyons clairs, on ne peut pas non plus les incriminer. Rappelons que c'est la nature même d'une entreprise de générer de l'argent. C'est peut-être dans la façon de procéder à ces changements qu'il y a des choses qui peuvent être grandement améliorées.
(Pendant que j'écrivais ce pavé, l'appli Youtube m'a notifié pour me recommander une vidéo qui m'intéresse pas du tout ;) )
L'avis du Youtuber Pierre Croce qui reproche aussi à Youtube leur manque d'explications :
Pour ceux qui veulent aller plus, je les invite à regarder le documentaire "La révolution virtuelle" (The Virtual Revolution) de la BBC, qui explique très bien que les notions de "filtrage collaboratif" et "stéréotype démographique" sont plus vieilles qu'on ne le pense dans l'opus intitulé "Le prix de la liberté". Des entreprises comme Amazon et Netflix cherchaient à éliminer une partie du hasard et de la spontanéité pour influencer les choix de ses utilisateurs.
Dans la continuité du sujet "Youtube" :
http://www.arretsurimages.net/articles/2016-12-13/La-petite-revolte-des-Youtubeurs-stars-contre-Youtube-id9386Au sujet des algorithmes et du flux d'informations, vous pouvez lire aussi :
http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-163438-facebook-demain-a-la-une-2048067.php